La Folle Journée 2021 : La Lumière et la grâce
24 concerts en 3 lieux de spectacle (La Cité, Espace CIC Ouest et le Square du lait de mai) pour cette année spéciale : durant lesquels seront célébrés Bach et Mozart.
28 au 30 mai à Nantes, jusqu'au 6 juin en région.
- Du vendredi 28 mai 2021 au samedi 5 juin 2021
44000 Nantes
L'avis de la rédaction
À Ancenis, Châteaubriant et Saint-Nazaire aussi
Comme chaque année, La Folle Journée de Nantes se décline en Pays de la Loire. Moins de concerts là encore mais néanmoins vingt communes concernées. Pour la Loire-Atlantique, le Théâtre de Verre, à Châteaubriant, accueille Bruno Rigutto au piano le 29 mai à 19h et Romain Leleu Sextet le 30 à 17h. À Saint-Nazaire, samedi 5 juin, rendez-vous Alvéole 12 de la Base sous-marine pour deux concerts : Orchestre de la Musique de l’Air à 16h, Orchestre Les Métamorphoses à 19h. Samedi 5 juin toujours, Le Théâtre Quartier Libre à Ancenis reçoit Valentine Michaud (saxophone soprano) et Lucie Berthomier (harpe) à 16h, puis le pianiste Tanguy de Williencourt pour les Variations Goldberg à 19h. En piste !Patrick Thibault
L'interview
Directeur de France Musique, Marc Voinchet réaffirme son soutien à La Folle Journée. 14 concerts sur 24 seront retransmis, soient 20 heures de musique. De quoi amplifier le retentissement de l’événement et partager la musique.
En quoi La Folle Journée est-elle incontournable pour France Musique ?
C’est une vieille et belle histoire d’amour. Avec les équipes, on aime venir à Nantes car on a toujours été très touchés de rencontrer les auditeurs en vrai. Elle permet d’offrir à ceux qui ne sont pas Nantais un programme musical festif qui, en plus, apprend.
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C’est peut-être encore plus important d’être aux côtés de La Folle Journée cette année…
Je me demande même si ça n’est pas crucial. C’est compliqué pour les équipes de France Musique avec un parcours semé d’embûches, les gestes barrières… mais on voulait absolument tout faire pour en être. C’est plus que du partenariat : La Folle Journée a lieu, nous sommes solidaires. On y passe un week-end quasi complet en rediffusant 14 concerts. Ça fait 20 heures d’antenne avec aussi la matinale depuis France Bleue Loire Océan avec Jean-Baptiste Urbain, le Nantais de l’étape.
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Quelle est selon vous la principale qualité de La Folle Journée ?
Avoir imaginé un mouvement perpétuel, incessant, de musique, en innovant sur les formats. Cette idée du concert court dans le bon sens. C’est un format qui n’est pas intimidant. Si un concert vous a plu, vous pouvez enchaîner et si ça ne vous a pas plu, ça n’est pas bien grave. Ce format a des tas de qualités pour toute personne qui aurait un peu peur. Et, bien sûr, il y a cet accueil de la musique et la qualité de la programmation.
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Un souvenir particulier à La Folle Journée ?
Je me souviens avoir pu m’introduire comme une petite souris dans une répétition de Gustav Leonhardt qui se faisait les doigts. Je n’y suis pas resté longtemps car l’intrus l’a dérangé. C’était intimidant mais j’en ai bien profité. Ce qui m’a toujours ému, c’est l’effervescence, l’impatience du public lors des émissions de Frédéric Lodéon. Voir ces yeux qui s’allument.
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Quel directeur êtes-vous ? Au pupitre ? À la baguette ?
J’aimerais bien le savoir. J’aime le poste de timbalier, il est celui qui tape le rythme. Chef d’orchestre, c’est un peu prétentieux mais allez savoir si le timbalier n’est pas le véritable chef !
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Qu’est-ce qui a le plus changé à France Musique depuis votre arrivée à la direction ?
On a beaucoup plus d’auditeurs (sourire) ! J’ai tout fait en travaillant avec les équipes. On a montré que cette chaîne est agréable à écouter, qu’elle réconforte et ça fait du bien en ces temps difficiles. On a desserré la cravate. Il n’y a pas eu tant de changements que ça mais on a fait un travail sur l’idée qu’il faut absolument faire de la radio, bannir l’entre soi, le blabla et être dans le partage.
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Juste un argument pour faire entendre que la musique dite classique ne l’est pas trop ?
Dire tout simplement qu’elle ne l’est pas. Mozart, Schubert et Snoop Dogg n’ont jamais écrit de la musique classique. Elle est toujours contemporaine quand ils l’écrivent. Et aujourd’hui, dès que Beethoven est joué, il n’a plus 200 ans. Il faut décomplexer les gens, se laisser draguer car, bon sang, qu’est-ce que c’est bon ! Ne pas regarder les clichés et le cérémonial. Ça ne mord pas.
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Quel rôle a joué Toulouse dans votre passion pour la musique et la culture ?
Tout. J’allais aux concerts de Michel Plasson. Le dimanche matin à la Halle aux grains, il y avait les classiques du XXe siècle et aussi la création. Le festival Piano Jacobins, les musées, le Capitole et le jazz, le flamenco car les Espagnols c’est une population qui compte à Toulouse, la variété avec Nougaro. C’est là que j’ai vu et rencontré France Musique. Ses camions et ses micros.
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Revenons à La Folle Journée, plutôt Bach ou plutôt Mozart ?
Joker ! C’est impossible de choisir. Ça dépend des heures du jour ou de la nuit. Il y a cette année une affiche extra. Bien sûr, ça ne sera pas La Folle Journée habituelle mais avec des artistes comme Sélim Mazari, Renaud Capucon, Jean-François Heisser, Bertrand Chamayou… et tant d’autres, René Martin réussit son pari. Il y a du lourd !
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Patrick Thibault
Crédit photos : © Radio France / Christophe Abramowitz
L'article
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“J’ai dû refaire trois fois la programmation”, raconte René Martin, créateur et directeur artistique de La Folle Journée. “Il y a eu la version 150 concerts, ensuite 70 concerts pour finir à 24 concerts. C’était un pari et je suis heureux que l’on puisse relever le défi en proposant enfin une Folle journée.” Dans une période difficile, il a décidé de consacrer l’édition à Bach et Mozart, en l’intitulant La lumière et la grâce. “Ces deux compositeurs nous sont apparus comme les mieux à même de nous aider à traverser cette période si particulière.” Bien évidemment, compte tenu du nombre réduit de concerts, il n’a pas eu de mal à sélectionner les œuvres. On entendra donc les plus emblématiques des deux compositeurs du XVIIIe siècle. Sur le papier, le programme est alléchant en raison des artistes invités. On retrouve toute la jeune génération de solistes et des chefs d’orchestre passionnés pour une édition forcément originale.
Bach et Mozart, compositeurs phares
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René Martin a abandonné le projet d’une Folle Journée consacrée à la musique russe en 2021. “C’était impossible car la musique russe impose de gros orchestres.” Il s’est donc tourné vers deux compositeurs emblématiques. “On peut jouer les concertos pour violons et claviers de Bach avec 18-20 musiciens. Et un orchestre mozartien, c’est 45 musiciens.” Pour lui, Bach représente “le socle à partir duquel s’est construite la musique depuis trois siècles et son œuvre n’a jamais cessé d’irriguer la musique occidentale, inspirant de nos jours encore des musiciens de tous horizons.” Quant à Mozart, il est considéré comme le musicien le plus prodigieux de tous les temps “ayant porté à un degré de perfection jamais atteint le plus grand nombre de genres musicaux”. Les deux compositeurs sont évidemment parmi les plus porteurs d’émotion.
La fine fleur des jeunes interprètes
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Pour cette édition 2021, René Martin a donc choisi de mettre en avant toute une jeune génération d’interprètes. Ainsi on retrouve Théotime Langlois De Swarte, premier violoniste baroque à être nommé aux Victoires de la Musique Classique en 2020 (concerts n°1, 9 et 18). Gabriel Pidoux, hautboïste baroque également nommé aux Victoires (concerts n°1, 9 et 18) ; Victor Julien-Laferrière, violoncelle (concert n°12). La jeune flutiste Lucie Horsch “absolument magnifique” qui interprète le Concerto en ré mineur BWV 1059R, transcription pour flûte (concerts n°7, 9 et 18) pour flûte de Bach. La violoniste Liya Petrova qui vient de sortir un disque chez Mirare (concert n°17). Raphael Sévère qui aura la chance d’interpréter ce chef-d’œuvre de Mozart, le Concerto pour clarinette et orchestre (concerts n°9, 15 et 18). Côté piano, Nathanaël Gouin (concert n°13), Bertrand Chamayou (concert n°15), Adam Laloum (concert n°17), Sélim Mazari qui interprète le Concerto pour piano et orchestre n°21 de Mozart (concerts n°9 et 18) et sera en duo avec Tanguy de Williencourt pour un programme Mozart (concert n°10). René Martin assure enfin que Varvara (concert n°22), pianiste russe, offre une version unique des Variations Goldberg allant jusqu’à déclarer : “Quand vous en sortirez, la vie sera différente.” Enfin, côté direction d’orchestre, il ne tarit pas d’éloge sur la Vénézuelienne Glass Marcano, élève de Claire Gibault.
Vincent Braud et Patrick Thibault
Crédit photos : Liya Petrova © Marco Borggreve