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Interview. Paul Lay : « Le jazz est la musique dans laquelle je me sens le plus libre et celle où je m’épanouis le plus. »

Interview. Paul Lay : « Le jazz est la musique  dans laquelle je me sens le plus libre et celle où je m’épanouis le plus. »

Il est considéré comme l’un des plus grands pianistes de jazz. Paul Lay a raflé tous les grands prix et fait un tabac dans tout ce qu’il entreprend. Fidèle à La Folle Journée, il y propose toujours des programmes qui mêlent classique et jazz. Cette année, pour l’édition consacrée aux villes phares, il présente sa version de Rhapsody in blue de Gershwin. Rencontre.

Propos recueillis par Patrick Thibault

 

Quand a commencé votre passion pour la musique et le piano ?

À 3 ans, mes parents m’ont offert un piano jouet. Ils se souviennent que j’ai vite réussi à reproduire les chants que nous apprenions à l’école. À 5 ans, j’ai donc découvert un piano plus large en prenant des cours. J’ai eu la chance de tomber sur une prof exceptionnelle avec une pédagogie novatrice. Elle m’a transmis l’amour de cet art.
 

Pourquoi le jazz ?

Le jazz est la musique dans laquelle je me sens le plus libre et celle où je m’épanouis le plus. J’adore l’improvisation et, d’une manière plus générale, ce qui n’est pas décidé d’avance. J’aime jouer avec l’instant et nourrir ce moment à chaque fois différent.
 

Vous êtes un habitué de La Folle Journée, qu’est-ce que vous y aimez ?

Avant tout l’esprit ! Comme artiste, j’ai le plaisir de retrouver une joyeuse communauté de musiciens fidèles. J’aime aussi célébrer la musique sous cette forme. C’est-à-dire, la grande fête de la musique. Moi qui suis un outsider – même si j’ai un background classique –, je dois parfois réfléchir à des thématiques qui collent à ce que René Martin propose. Et j’aime partager ça avec le public nantais.
 

Vous êtes la caution idéale pour témoigner du mélange des styles, des genres et des époques…

En tout cas, je suis nourri par le classique et le jazz depuis ma tendre enfance. À chaque fois, c’est pour moi un challenge de trouver des éclairages et des voix particulières qui réunissent classique et jazz. Je suis très heureux de cette fidélité de René Martin.
 

Vous avez présenté à Nantes des programmes autour de Billie Holiday, Beethoven, Bach, Schubert…

Depuis quelques années, j’ai la chance d’y revenir. J’adapte la thématique à la couleur du jazz.
 

En 2024, vous avez travaillé sur Rhaspsody in blue dont on fête le centenaire. Qu’est-ce qui vous fascine chez Gershwin ?

La force de cette Å“uvre est multiple, mais d’abord sa construction : le véritable dialogue entre piano et orchestre. J’aime l’idée que les parties de piano ont d’abord été improvisées. J’ai voulu garder cet état d’esprit en proposant un éclairage contemporain. En restant fidèle à l’esprit, je m’autorise toutes sortes de chemins improvisés sur le moment. Je me laisse libre de partir où mon imagination m’emmène. 

À chaque fois, c'est pour moi un challenge de trouver des éclairages et des voix particulières qui réunissent classique et jazz.

 

Il y a une version pour piano solo, pour trio et, à La Folle Journée, vous présentez celle avec votre trio plus orchestre…

Oui et, à chaque fois, on mélange vraiment les deux instrumentations. J’ai même écrit sciemment Cuban interlude, une pièce pour trio et orchestre, afin de proposer une possibilité d’improviser pour les musiciens classiques avec nous. Ça donne souvent de très belles surprises.
 

Vous présenterez aussi un concert en duo avec le pianiste Kento Tsubosaka. Quel est le programme de ce concert ?

C’est un jeune pianiste prometteur avec lequel René m’a proposé de jouer et j’étais très enthousiaste. On fait des allers-retours. Il y aura de grands standards du jazz. Certains choisis par lui, d’autres par moi. Un grand moment de partage.
 

Aujourd’hui (20 décembre 2024), je vous appelle à New York, qu’est-ce que vous y faites ?

J’enregistre un album avec 3 musiciens exceptionnels. Ingrid Jensen (trompette), Nicole Glover (saxo ténor) et Larry Grenadier (contrebasse de Brad Mehldau). J’ai écrit une Å“uvre pour ce groupe qui est une grande source d’influence pour moi. En plus, le jazz est né ici à New York. Il y a une telle urgence, puissance et vivacité dans cette ville. Il y a une force que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Très exaltant, très inspirant. 
 

Préférez-vous improviser ou composer ? Ou composer pour pouvoir improviser ?

Le tout évidemment ! Pour moi, la composition provient de l’impro. Je passe des heures au piano et il suffit que je marche pour que les idées viennent. J’aime les fixer sur un bout de papier. Ça crée une forme mais il y a toujours une grande part liée à l’imaginaire et à la création. J’ai rarement écrit des Å“uvres 100 % fixées. J’ai besoin de me réinventer à chaque fois en temps réel.
 

Il y a donc ce plaisir d’être face au public…

Évidemment. Je suis libre et stimulé sur scène lorsqu’il y a une grande part d’inattendu.
 

Vous reviendrez ensuite en mai 2025 avec l’ONPL…

Oui, ça sera, pour moi, la création mondiale d’une Å“uvre que j’ai composée : Un Français à New York présentée avec mon trio. C’est le miroir d’Un Américain à Paris qui sera jouée avant ! Grand plaisir pour moi puisque l’orchestre sera dirigé par Joann Falletta, grande cheffe américaine. En deuxième partie, Star Wars de John Williams viendra compléter le programme.
 

Paul Lay, Rhapsody in blue Concert n°102, vendredi 31 janvier à 21h45 ; concert n°219, dimanche 2 février à 12h30. Cité des congrès, Nantes.
Paul Lay et Kento Tsubosaka Concert n°159, samedi 1er février à 21h30. Cité des congrès, Nantes.
Paul Lay et l’ONPL, 21 et 22 mai à 22h, Cité des congrès, Nantes.

 

Paul Lay © Clack - David Gallard

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