Le meilleur du Festival des 3 Continents 2022
À travers la compétition et les sélections diverses, honneur pour la 44e fois aux cinémas d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie à Nantes. Un voyage aux destinations multiples mais qui trahit toujours, in fine, la passion évidente (et amplement justifiée) des 3 Continents pour la création asiatique.
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Par Matthieu Chauveau
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La star et l’outsider
Sa première fiction, Maborosi (1995), avait déjà été repérée par les 3 Continents. Trois ans plus tard, Hirokazu Kore-Eda remportait même La Montgolfière d’or. C’est peu dire que la carrière du Japonais est suivie de près par le festival, qui a vu en lui un digne héritier d’Ozu avant que Cannes ne suive la (les) marche(s), jusqu’à la Palme d’or pour Une affaire de famille (2018). En toute logique, Les 3 Continents rendent donc hommage à la riche carrière du cinéaste, en sa présence (sous réserve) et en mettant en lumière une part mal connue, voire inédite, de son œuvre : les documentaires. Cette distinction, entre œuvres phares et plus obscures, est inopérante chez Raúl Perrone, réalisateur argentin également à l’honneur qui, en 30 ans de carrière, n’a jamais cessé de se positionner à la marge. Au point de retourner, dans chaque œuvre, filmer sa petite ville natale, Ituzaingó, plutôt que la mythique Buenos Aires, pourtant voisine.
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Géniaux touche-à -tout
Drames psychologiques, films noirs, histoires d’amour, réalistes et fantastiques... Mike De Leon a, en 50 ans de carrière, flirté avec tous les styles. Une figure majeure du cinéma philippin qui méritait bien une intégrale. Et en première mondiale s’il vous plaît ! Du culte Itim, les rites de mai (en hommage au Blow Up d’Antonioni) au dernier-né Citizen Jake (et non Kane…), on pourra donc admirer la grande puissance stylistique de Leon de long en large à Nantes. Une expérience cinématographique jouissive et plurielle, au même titre que, dans un genre plus léger, la rétrospective dédiée au cinéma indien des années 70 et 80. En quinze films, Les 3 Continents rappelleront que l’univers cinématographique de ce pays-monde ne saurait être réduit aux bluettes estampillées Bollywood. Même si on chante et on danse parfois dans ces films aux esthétiques aussi diverses que les langues qu’on y entend : Hindi, Malayalam, Urdu, Bengali, Tamoul, Gujarati…
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Le festival pour tous
Pointu, le Festival des 3 Continents ? Certes mais pas moins ouvert à tous les publics, lesquels incluent les cinéphiles en herbe, dès 3 ans, avec un cycle Premier pas vers les 3 Continents qui les mènera cette année de l’Iran (Here My Village sur un enfant se rêvant photographe) à la Corée du Sud (6 courts d’animation). Mais qu’y a-t-il de plus rassembleur, et donc familier à tous, que les histoires de famille ? Avec Un air de famille, le festival propose un cycle à la fois concis (8 films) et infini par les thématiques abordées (poids des traditions, adoption, différences sociales…) et les territoires foulés. Dans cette programmation pensée pour un large public, on traverse donc aussi bien l’Amérique éternelle de Clint Eastwood (l’émouvant Gran Turino), que la Corée de Bong Joon-ho (le palmé Parasite) ou le Japon d’Ozu (le classique Voyage à Tokyo) et, évidemment, de Kore-Eda (le presque remake de La vie est un long fleuve tranquille (!) Tel père, tel fils).
-Festival des 3 Continents Du 18 au 27 novembre, Nantes et Loire-Atlantique.
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Photos : Hirokazu Kore-Eda / Nobody Knows © Trigon film
Kisapmata / Mike De Leon © Carlotta Films
Here my Village / DR
