Les Rendez-Vous de l'Erdre 2013
Le festival du jazz et de la belle plaisance.
- Du jeudi 29 août 2013 au dimanche 1 septembre 2013
44000 Nantes/Carquefou/Sucé-sur-Erdre/La Chapelle-sur-Erdre/Nort-sur-Erdre
L'interview
En 2009, Médéric Collignon était venu jouer Miles Davis. En 2013, le trompettiste virtuose revient aux Rendez-vous de l’Erdre pour son projet autour de King Crimson, groupe phare de la scène rock progressif. Rencontre avec “l’enfant terrible” du jazz.
Comment êtes-vous tombé dans le jazz ?
J’avais 15 ans et je l’ai pris en plein face par le biais de camarades qui ont voulu que je les accompagne à une de leurs répétitions. J’étais là en observateur.
Pourquoi un tel coup de foudre ?
J’étais au conservatoire de Charleville-Mézières et j’avais déjà arrangé du Olivier Messiaen pour trompette et percussions. À la différence de la musique classique, j’entrais dans un monde où l’individu à plus d’importance. Je n’étais plus dans une musique d’instrumentistes où l’on ne connaît même pas le nom des musiciens.
La découverte de ce nouveau monde était-il synonyme de liberté ?
Pas tant que ça. C’était simplement un plaisir personnel. Je voulais partir de chez moi et le jazz m’a donné un effet de sac à dos.
Aujourd’hui, quelle serait votre définition du jazz ?
Encore une fois, c’est une musique d’individus. C’est la définition la plus simple. C’est une musique où l’on se cherche en permanence. Rien n’est clair. On est dans les sensations. Le jazz, c’est l’histoire de l’aventurier qui est toujours en mouvement.
On vous qualifie d’enfant terrible, de chien fou…
Comme je ne joue pas dans le système, cela arrange bien les gens. Mais pour me définir, il faut se lever tôt. Je ne vais pas vous mentir ; ça fait vibrer l’esprit. Malgré tout, c’est trop réducteur.
Comment avez-vous envisagé ce projet consacré à King Crimson ?
J’ai pris la substantifique moelle de King Crimson que j’ai habillée de matière très contraire aux éléments d’origine. La loi, c’est qu’il ne devait pas y avoir de guitares. Par quoi fallait-il les remplacer ? Deux accordéons ? Non. Deux quatuors à cordes ? On ma dit que ça n’allait pas marcher. Et bien chez moi, ça marche. Et dans le fond, mon bateau avance dans la même direction que celui de King Crimson.
Les puristes ont-ils trouvé quelque chose à redire ?
Certainement. Mais je ne cherche pas à provoquer. Je ne suis pas là pour vendre des disques, mais pour défendre ma vision des choses et aller toujours plus loin dans l’aventure du son.
Un concert au Rendez-vous de l’Erdre est-il, finalement, un moment à part ?
C’est même assez étrange. On est sur une autre planète. À Nantes, je suis comme un gosse. Mais dès que je joue la première note, je redescends sur terre et je fais mon boulot.
Le 31 août à 22h30, Scène Nautique.
Propos recueillis par Arnaud Bénureau