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Festival

Festival Atlantide, Les Mots du Monde à Nantes

Festival Atlantide, Les Mots du Monde à Nantes Festival
Festival Atlantide, Les Mots du Monde à Nantes Festival

4 jours, une trentaine d'autrices et auteurs, plus de 60 rendez-vous.
En écho à la Saison Africa2020 dont le lieu unique est l'un des principaux Quartier Généraux, Les Mots du Monde à Nantes portera haut la clameur africaine. Édition en public et en streaming.
 
 
 

Calendrier Dates :
  • Jeudi 17 juin 2021 à 18h00
  • Vendredi 18 juin 2021 à 18h00
  • Samedi 19 juin 2021 à 18h00
  • Dimanche 20 juin 2021 à 18h00
Localisation Lieu : le lieu unique, quai Ferdinand-Favre
44000 Nantes
Prix : Gratuit
Site web Site : atlantide-festival.org...
L'interview

L'interview

Interview de Souleymane Diamanka

Poète-slameur sénégalais, Souleymane Diamanka est aussi acteur. Celui qui a grandi à Bordeaux apprenait le français à l’école et le peul en famille. Les mots sont son terrain de jeu. À l’occasion de la sortie de son nouvel ouvrage, il est attendu à Atlantide.

" Les gens qui s’en sortent, c’est grâce à leurs mots, pour convaincre, pour se défendre, pour aimer. "

Vous aurez à Atlantide le beau rôle du grand rendez-vous inaugural. Habituellement c’est une leçon et là ce sera un récital… Pouvez-vous nous en parler ?
C’est bien un récital mais sans musique. J’ai voulu être comme mes prédécesseurs qui venaient juste avec leurs mots. Je vais réciter des poèmes.
Je suis honoré. Ça m’a fait très plaisir et mis une petite pression car c’est un moment important cet échange avec le public.
-
Comment présentez-vous Habitant de nulle part, citoyen de partout, votre nouvel ouvrage ?
C’est un recueil de poèmes. Un éventail de ce que j’ai écrit en une vingtaine d’années, avec des textes récents et des plus anciens. J’ai voulu y présenter les différentes formes que j’aime bien dans l’écriture des poèmes.
-
La poésie et l’appellation poète, c’est ce qui vous caractérise le plus ?
Devenir poète, c’était ma volonté quand j’étais petit. À l’école primaire, j’avais un instituteur qui n’arrêtait pas de m’hypnotiser. Je voulais retrouver cette magie de la poésie. J’ai fait du slam mais je n’en ai jamais été un activiste. C’est un mouvement que j’ai rencontré et qui m’a plu mais ma volonté première, c’était être poète de l’oralité.
-
Vous touchez un point essentiel avec cette question de l’oralité. Vos mots, c’est mieux quand vous nous les lisez, non ?
Pour la première fois, j’aime l’idée que chaque lecteur et lectrice donne son propre flow. Ceux qui connaissent ma voix disent d’ailleurs qu’ils m’entendent. Ça me fait ça aussi avec Yvon Le Men ou Alain Mabanckou. Je les entends quand je les lis.
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Vous avez grandi à Bordeaux mais vous êtes d’origine peule et vous en perpétuez l’oralité… C’est une mission ?
C’est un chemin. C’était très présent à la maison, comme les mots étaient très présents à l’école. Ça me correspondait, j’aimais passer du temps avec les mots. Tout ça s’est fait naturellement. Adolescent, j’ai rencontré le rap puis je suis retourné à la poésie.
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Avez-vous été tiraillé entre vos deux langues ?
Je ne me suis pas posé la question. J’ai grandi avec deux langues, même trois si on ajoute l’argot de la rue ou du hip-hop dont les mots sont maintenant dans le dictionnaire. Tous avaient et trouvaient leur place. Ils se sont nourris les uns des autres, comme une sorte de mix.
-
Justement, avec ce grand mix, n’aviez-vous pas peur de perdre l’une ou l’autre de ces identités ?
Au contraire, ça devient une identité à part entière. Il y a des gens qui ont le même profil que moi, qui grandissent avec deux langues. Je ne suis pas comme un Sénégalais né au Sénégal ou un Français né ici. Mon identité, c’est ce mix. Je n’ai pas choisi, je puise dedans toutes les richesses.
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Si j’ai bien compris, pour vous, les mots sont un signe extérieur de richesse…
Je dirais plutôt signe intérieur de richesse. C’est d’abord dedans et ça n’est pas quelque chose qu’on étale. Avec les mots, les gens voient ce qu’on a à l’intérieur.
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Et quand on n’a pas de mots ?
Ça mène à la violence. Quand on n’a plus de mots, la violence s’exprime. Les gens qui ont le plus de mots sont les plus riches. Les gens qui s’en sortent, c’est grâce à leurs mots, pour convaincre, pour se défendre, pour aimer.
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Vous êtes de ceux qui expliquent que la langue française a beaucoup à gagner des autres langues…
Et les autres langues ont beaucoup à gagner de la langue française. Ça va dans les deux sens. Même mes parents ont intégré des mots français
au peul.
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Quelle est pour vous la définition du poète ?
C’est quelqu’un qui arrive à exprimer sa sensibilité quel que soit le support. On peut être poète dans la gastronomie, la transmission, l’éducation… Moi, je le fais avec des mots, d’autres avec des tableaux. Je crois qu’on a tous ça en nous dès qu’on sait exprimer une émotion. Il s’agit de partager de manière concrète ce qui vient de l’intérieur.
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On dit que la poésie ne fait plus recette, est-ce le slam ou une autre forme d’oralité qui la revigore ?

On dit ça depuis des siècles mais elle fait recette ! Regardez Cécile Coulon, Amanda Gorman… Oxmo Puccino, Grand Corps Malade… Même Akhenaton, car le rap est une forme de poésie contemporaine. Je suis hermétique à ses gros mots mais si on arrive à mettre de côté une forme de vulgarité, le travail de Booba est remarquable.
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Vous prônez la tolérance, êtes-vous fâché contre ceux qui sont plus combatifs ?
Je ne suis pas fâché avec eux. Je ne suis pas contre le combat. Il en faut. Je respecte aussi la colère, c’est une émotion.
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On dit que l’Afrique sera le continent du XXIe siècle, qu’en pensez-vous ?
Peut-être qu’un Asiatique vous dirait que l’Asie est le continent de l’avenir ? Pour avoir passé du temps à Dakar, je peux vous dire que j’ai rencontré
une jeunesse extraordinaire, créative. Elle a une forme de sur-virtuosité. Pour s’en sortir, les gens sont obligés de faire des choses exceptionnelles.
C’est la jeunesse en général qui est l’avenir du monde.
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Qu’attendez-vous de ces rencontres à Atlantide ?
C’est une belle invitation. Je suis impatient de rencontrer les lecteurs et lectrices, de voir quels échos ont eu mes mots et quelle musique ils y ont donnée. Ça va être riche en émotion cet échange inaugural.



Patrick Thibault
Crédit photos : Souleymane Diamanka © Isabelle Dohin
L'article

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L’Afrique dans toutes ses dimensions
La neuvième édition du festival Atlantide invite l’Afrique à Nantes. Une trentaine d’auteurs au rendez-vous avec, et ça fait plaisir, une forte présence féminine. À la clé, des échanges riches et nécessaires, des rencontres intenses pour se sentir vivants et profondément humains.
Alain Mabanckou évoque volontiers “une période où l’échange des cultures et la nécessité de rencontrer l’Autre sont plus que jamais salutaires”. Pour parler et témoigner de l’Afrique, il a convié un éventail à la fois large et représentatif d’auteurs. Ils sont de là-bas ou d’ici, parfois les deux, à moins qu’ils ne soient entre les deux. Les grands sujets qui agitent le débat depuis quelques années sont bien sûr évoqués (“décolonisation” de la culture, identités, diasporas, mondialisation… l’histoire et ses lectures… extrémismes, obstacles au féminisme…). Mots et maux auront une fois encore un rôle majeur dans la compréhension d’un continent trop souvent méconnu ou incompris. On est particulièrement sensible à la présence
d’autrices fortement engagées qui portent, chacune avec sa sensibilité, la parole de la femme en Afrique. Les Camerounaises Djaïli Amadou Amal et Hemley Boum, la Franco-Algérienne Asya Djoulaït, la Franco-Tunisienne Nadia Khiari, la Française Fatima Daas, la Sud-Africaine Sindiwe  Magona, la Gabonaise Charline Effah, l’Anglo-Nigérianne Noo Saro-Wiwa, la Franco-Burkinabe Roukiata Ouedraogo, l’Ougandaise Jennifer  Nansubuga Makumbi, la Béninoise Géraldine Faladé, la Nigériane Oyinkan Braithwaite, la Tchadienne Charline Effah, la Bostwanaise Unity Dow. C’est aussi elles qui parleront de l’Afrique de demain (dimanche 20 à 11h). Sans oublier contes, légendes, mythes et poésie.

Patrick Thibault
Crédit photos : Asya Djoulait © F. Mantovani - Gallimard
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