La Folle Journée 2025 - ouverture de la billetterie
La thématique de cette 31e édition est “Villes phares : Venise, Londres, Vienne, Paris, New York”. La Folle Journée s’intéresse à des villes qui ont joué à un moment de leur histoire un rôle capital dans l’évolution de la musique. Telles des phares éclairant le monde, ces villes particulières ont à un moment donné attiré les plus grands génies et concentré l’essentiel de la vie artistique et musicale, marquant à jamais l’histoire de la civilisation par leur influence et leur rayonnement.
- Du mercredi 29 janvier 2025 au dimanche 2 février 2025
44000 Nantes
L'interview
Premier à tous les concours, Thibault Cauvin est devenu guitariste star. Surfeur, il est de ceux qui bousculent les codes de la musique classique. Et donc emblématique à La Folle Journée où il défend l’ouverture de la musique classique à tous les publics. Ses spectateurs embarquent pour un voyage inattendu.
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La guitare, ça remonte à l’enfance…
Oui, mon père est guitariste. Pour moi, c’est comme le rapport naturel à la langue française, je parle guitare.
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Votre public qui vient pour la guitare est-il celui de la musique classique ?
Je rêve que ça aille au-delà car mon père, rockeur, m’a appris que la musique est là pour rassembler. Je souhaite qu’ils viennent de tous bords. Les amateurs de classique et tous les curieux, sensibles au cinéma, au théâtre. La guitare est peut-être l’instrument le plus décliné dans la musique. C’est le plus populaire et le plus joué. Mon public est fait de cultivés, de novices, de jeunes et moins jeunes.
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Mais vous allez au-delà du classique en jouant avec -M-, Thylacine, Lockwood, Truffaz…
Je suis un aventurier. J’ai joué dans 120 pays pendant 15 ans. J’étais totalement nomade, sans maison, j’avais envie de vivre des aventures musicales. J’aime être avec des classiques avec qui je joue la même langue mais quand je suis avec d’autres musiciens, j’ai toujours l’impression de créer de nouveaux mondes et partager des instants précieux. J’ai de la chance.
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Le succès vient aussi du look et de l’image que vous donnez…
Peut-être mais ça n’est pas une stratégie. Je veux partager des envies très fortes qui sont en moi. Mes décisions sont instinctives, presque animales. Ça me ressemble. Je suis éclectique et ouvert, intemporel.
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On parle toujours du guitariste surfeur mais avez-vous encore le temps de surfer ?
Mes potes sont des surfeurs. Il n’y a pas un mois sans que je fasse du surf. C’est une passion dévorante. Quand je pars, c’est magique. Il n’y a plus que ça qui compte, c’est ensorcelant. C’est une bouffée d’air frais incroyable.
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C’est le seul moyen pour oublier la guitare ?
Un peu mais contrairement à mon père qui ne peut pas ne pas parler de guitare, je déconnecte facilement. Je ne sais pas faire cuire un œuf alors je vais au restaurant avec les gens que j’aime. J’ai plaisir à discuter sans parler guitare.
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Vous êtes entré à La Folle Journée par les petites salles, maintenant les grandes…
C’est une vraie rencontre avec René Martin. Il m’avait invité dans de petites salles et maintenant, elles sont toujours plus grandes. À Nantes et ailleurs. On est devenus presque amis. C’est un producteur virtuose, on a des discussions communes sur le public auquel on s’adresse. Ça me passionne car je souhaite jouer pour chaque personne de la salle. Je suis totalement amoureux des gens. Beaucoup de musiciens classiques n’ont pas forcément ce rapport-là. Moi, c’est comme en pop, il y a quelque chose d’un peu mystique, j’ai envie d’une réelle communion.
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Qu’est-ce que vous aimez à La Folle Journée ?
J’adore cette philosophie qui consiste à joueur pour un public nombreux, diversifié, qui vient de partout. J’aime la frénésie de concerts courts. C’est un message fort et ultra-encourageant de dire que la musique classique s’adresse à beaucoup de monde. C’est devenu un festival légendaire, c’est fou !
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Même si vous sortez du classique, vous revendiquez d’être un guitariste classique…
Complètement. C’est pour moi un symbole fort d’avoir été nommé aux Victoires de la musique classique malgré mon ouverture. Même si j’ouvre et fédère, si je ne joue pas l’instrument le plus classique, j’ai eu l’honneur d’être parmi les 3 solistes nommés. Ça me touche profondément. J’aime dire que j’ai des doigts de guitariste classique et l’âme d’un voyageur. J’ai un cœur de rocker, j’aime aller chercher les gens comme en rock. Le public du classique va au concert un peu comme au musée. Moi, je veux qu’il participe. Je veux un moment ensemble.
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Vous êtes ambassadeur de votre ville d’origine, Bordeaux, mais ils n’ont pas de Folle Journée…
Ça, c’est malheureux. J’aime Bordeaux par-dessus tout. Je trouve la ville sublime, j’y ai joué dans toutes les salles. Il y a la vigne et les vins. Il manque La Folle Journée qui m’a bien fait connaître la ville de Nantes. Je commence à y avoir mes habitudes. J’aime beaucoup, c’est une ville amie comme j’en ai finalement assez peu.
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Concerts, disques, radio, livre… Comment gérez-vous le temps et ce succès ?
Je suis un hyperactif. J’ai des idées et des envies. Ça a un côté très enfantin d’avoir des rêves et l’énergie pour les réaliser. Je suis heureux d’avoir un public grandissant de fidèles. Ça m’encourage à rêver toujours plus grand et à proposer des choses toujours plus folles. Dans les concours classiques, j’ai tellement cherché à impressionner en jouant des partitions qui ne parlaient qu’au jury. Maintenant, je fais le chemin inverse. Je veux garder le public pointu en étant virtuose mais proposer d’autres choses. Ce qui m’intéresse, c’est plus les histoires que ma guitare raconte que d’impressionner par ma virtuosité.
Propos recueillis par Patrick Thibault
Crédit photos : © Frank Loriou
L'article
Paris et New York. C’est dire si on fera le grand écart en passant du classique au jazz, sans oublier les musiques du monde puisqu’on fait aussi escale à Alep.
Au début du XVIIIe siècle, c’est Londres qui attire des musiciens de toute l’Europe : Haendel, Jean-Chrétien Bach, Mozart et Haydn. Du milieu du XVIIIe siècle jusqu’au début du XXe, c’est Vienne qui est le centre de la musique classique en Europe. Avec Haydn, Mozart, Salieri, Clementi, Beethoven et Schubert pour les prémices du romantisme. Puis Brahms, Malher Schönberg, Strauss père et fils.
De 1870 à 1940, Paris devient cette “ville lumière” capable d’attirer des artistes du monde entier pour l’expo universelle de 1900. Les Français s’illustrent : Saint-Saëns, Dukas, Fauré, Debussy, Ravel… Et les musiciens espagnols venus étudier (De Falla, Granados, Albéniz, Rodrigo). À partir de 1920, c’est l’heure de New York avec des compositeurs comme Gershwin, Bernstein, Copland, John Cage et beaucoup plus récemment Steve Reich, Philip Glass ou David Lang.
Voilà qui promet un programme d’œuvres d’autant plus riche que La Folle journée s’offre aussi des journées à Leipzig, Prague, Saint-Pétersbourg, Budapest et Alep.
On retrouvera 300 concerts, 2 000 artistes et 150 000 places. La billetterie ouvre le samedi 7 décembre à 9h, en ligne sur follejournee.fr, aux espaces Leclerc Atlantis et Paris, aux guichets de la Cité des Congrès.
Patrick Thibault
Crédit photos : Arielle Beck © Sylvain Gélineau / Sophia Liu © DR