Festival du Cinéma Espagnol de Nantes : fenêtre ouverte sur l’Espagne

Dans un contexte budgétaire difficile, le Festival du Cinéma Espagnol de Nantes tient bon avec une 34 e édition faisant notamment la part belle aux femmes. Présentation des grandes lignes de l’événement avec sa directrice Pilar Martínez-Vasseur.
Textes Matthieu Chauveau
À l’affiche
Pas vraiment Movida, et encore moins castagnettes et robe à pois (mais ça n’a jamais été le genre de la maison), l’affiche du festival étonne cette année. Elle est en une de Wik… Des nuages pointent dans le ciel, un homme sort par la fenêtre d’une toiture fatiguée… « Cet homme – interprété par l’acteur Mario Casas, figure iconique du cinéma espagnol –, c’est un peu nous qui, malgré le contexte, avons la volonté de nous en sortir », explique Pilar. Impossible de ne pas penser au climat morose, conséquence des coupes budgétaires de la Région des Pays de la Loire et qui ont un impact direct pour le festival : baisse du nombre de films de 70 à 60, suppression de la compétition courts-métrages, événement resserré sur 9 jours au lieu de 11… « Le paradoxe, c’est que nous avons une sélection de films d’une qualité particulièrement exceptionnelle cette année. Car le cinéma espagnol est, lui, en grande forme ! »
Femmes et musiques fortes
On ne boude pas son plaisir et on découvre avec d’autant plus d’intérêt (et d’engagement ?) les films sélectionnés. Une édition marquée par des récits féminins puissants, qui brisent des tabous. « Salve María de Mar Coll traite de la complexité de la maternité ; la série Querer de Alauda Ruiz de Azúa, des violences conjugales et du consentement ; Orgullo Vieja de Chema Rodríguez, des femmes de plus de 60 ans jusqu’à 95 ans, d’ordinaire invisibles sur les écrans », liste Pilar. Côté expo, Perdona, estoy hablando (Excuse-moi, je parle !) complète idéalement la thématique autour de 40 autrices ibériques de romans graphiques très engagées.
Marisa !
Puisqu’on parle de femme et d’engagement, le festival ne pouvait faire l’impasse sur l’immense actrice Marisa Paredes, disparue fin 2024. « C’était une amie de notre festival, où elle est venue plusieurs fois, dont une dans le contexte post-Covid, où elle avait présenté 2 films très importants pour elle – Talons aiguilles et La fleur de mon secret –, et reçu un prix d’honneur. Nous reprogrammons, en hommage, ces classiques d’Almodóvar, ainsi que Dans les ténèbres, film plus ancien et complètement loufoque, où elle interprète une bonne sœur junkie ! »
Fiesta
Le festival, c’est aussi la fête. En la matière, impossible de louper le concert Cante Flamenco, voix masculines d’Andalousie au théâtre Graslin. « Alain Surrans, le directeur d’Angers Nantes Opéra, nous a concocté un spectacle qui réunit deux figures majeures du flamenco, David Lagos et Tomás de Perrate, accompagnés par le talentueux guitariste Chicuelo. » Un événement qui fait écho à l’autre grande thématique qui se dégage dans cette 34 e édition : la musique.
Festival du Cinéma Espagnol de Nantes
Du 21 au 29 mars, Le Katorza, Nantes.
Photos :
Los Aitas © David Herranz
Salve María © Pol Rebaque
Marisa Paredes © Jerónimo Álvarez
Cante Flamenco © Festival de Saint Denis