La cache

Film de Lionel Baier, avec Michel Blanc, Dominique Reymond, William Lebghil.
Sortie en salle le 19 mars 2025.
Christophe, 9 ans, vit les événements de mai 68, planqué chez ses grands-parents, dans l’appartement familial à Paris, entouré de ses oncles et de son arrière-grand-mère. Tous bivouaquent autour d’une mystérieuse cache, qui révèlera peu à peu ses secrets…
- Mercredi 19 mars 2025 à 20h15
44000 Nantes
L'interview

Avec La Cache, le réalisateur Lionel Baier adapte avec inventivité l’excellent livre éponyme de Christophe Boltanski (éditions Stock, 2015), plongée dans une famille un peu foutraque mais brillante d’intellectuels juifs. Avec Michel Blanc dans son dernier rôle.
Vous prenez des libertés par rapport au livre mais l’ambiance de la famille (celle de l’artiste Christian Boltanski, du sociologue Luc…) est bien retranscrite…
Avec Catherine Charrier, la coscénariste, on voulait respecter l’esprit du livre. J’avais été très touché par la bienveillance que Christophe porte à sa famille. Bien qu’elle soit parfois dysfonctionnelle et pas dans le canal de ce qu’on peut imaginer comme une famille rassurante pour un petit garçon de 6 ans. Avec cette espèce de désordre et d’ordre, de saleté et de propreté, et d’amour absolu porté aux personnages par le narrateur. J’ai aimé la grande élégance de cette famille, qui jamais ne vous fait peser le poids des traumatismes qu’elle a vécus.
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Sans vouloir spoiler, pourquoi cette apparition surprise du général de Gaulle ?
Ce n’est pas dans le livre. Je me suis toujours demandé ce qui s’était passé dans la tête de de Gaulle pendant les quelques heures où il a disparu, en 1968. Entre le moment où il quitte l’Élysée et où il arrive à Colombey-les-Deux-églises, personne ne sait où il est, même pas Pompidou ! J’ai imaginé ce qui avait pu se passer pendant ce trou, en faisant un peu entrer la grande Histoire. Ça dit malgré tout une vérité qui est dans le livre. Christophe raconte qu’il y a une telle résilience dans sa famille qu’ils ont accueilli des gens qui étaient opposés à leurs idées, parce qu’ils détestaient le fait même d’être traqué. À la fin de la guerre, ils ont caché un précepteur de la famille qui avait été collabo…
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C’est le dernier film avec Michel Blanc…
Un peu comme chez Louis de Funès, il y avait chez l’acteur comique Michel Blanc quelque chose de l’ordre de l’angoisse. Voire même d’une forme de tristesse. Ces acteurs donnent l’impression de ne pas avoir le mode d’emploi pour vivre de manière heureuse la vie de tous les jours. Et la complexité de la comédie – le système très précis que propose le genre – semble être pour eux une échappatoire au côté aléatoire de la vie. Michel Blanc avait ça en lui, et je me disais que cette sorte d’angoisse serait utile pour jouer le personnage d’Étienne Boltanski, le grand-père de Christophe. Parce qu’il avait la politesse d’être joyeux alors qu’en réalité, il avait peur.
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LA CACHE de Lionel Baier
Sortie le 19 mars.
Propos recueillis par Matthieu Chauveau
Crédit photos : © Matthieu Chauveau