Les Rendez-vous de l'Erdre 2018
500 musiciens, 150 concerts, 15 scènes, 700 plaisanciers... Pour sa 32e édition, Les Rendez-vous de l’Erdre reste le festival qui allie comme aucun autre excellence artistique, exhaustivité de la programmation et ouverture d’esprit. Du 27 août au 2 septembre, ce sont tous les jazz qui nous donnent rendez-vous autour de la « plus belle rivière de France ».
© Michael Parque
- Du lundi 27 août 2018 au dimanche 2 septembre 2018
L'avis de la rédaction
To swing or not to swing
2018, édition jazz manouche ? Oui et non. Si le festival compte parmi ses plus prestigieux invités deux virtuoses de la guitare swing – Angelo Debarre et Biréli Lagrène –, le premier seulement fait revivre le son de Django Reinhardt (vendredi, Scène Swing). Le second (dimanche, Scène Nautique), une fois n’est pas coutume, délaisse la six cordes pour une basse fretless, instrument emblématique du jazz rock et rend hommage au maître incontestable du genre Jaco Pastorius (Weather Report), en compagnie du Multiquarium Big Band.Matthieu Chauveau
Top départ : Nort-sur-Erdre
Centre névralgique du festival, Nantes n’en reste pas moins une ville parmi d’autres (10 en tout !) à être traversée par le jazz et la belle plaisance une semaine durant. Pour prendre la pleine mesure de l’étendue du festival, il convient de se ruer en amont de la rivière. À Nort-sur-Erdre pour une soirée d’ouverture festive et multisensorielle. Il y en a aussi bien pour le corps (le jazz dansant du Peuple Étincelle), les yeux (la création musicale et visuelle Flok par Les Fonk’Farons & Heol) et les oreilles (la fanfare folle Big Joanna) jeudi soir sur le port nortais !M.C.
Un max de Mix Jazz
Elle est la scène la plus excentrée du festival (à Nantes). C’est pourtant ici que des musiciens passionnants se produisent. Côté découvertes, il ne faut pas rater la sensation londonienne Ill Considered (de la drum’n’bass jouée par des jazzmen !) le vendredi ou le percussionniste américain Thor Harris (Thor & Friends) le samedi, émule de Steve Reich croisé sur quelques-uns des meilleurs disques folk-pop de ces dernières années. Côté valeurs sûres, impossible de ne pas succomber au funk de Amp Fiddler (vendredi), claviériste croisé chez George Clinton, Jamiroquai ou Prince.M.C.
La croisière s’amuse
Vous souhaitez mettre toutes les chances de votre côté pour rencontrer un poisson digne de celui qui orne l’affiche du festival ? Vivez l’événement côté belle plaisance... Pas moins de 200 embarcations, divisées en quatre grandes catégories de bateaux (quillards, dériveurs, plaisance mécanique et voile-avirons) sont attendus sur l’Erdre. Dans la continuité d’une exposition sur les pédalos (30 août au 2 septembre, Maison de l’Erdre), le public peut découvrir le long de la rivière, plusieurs objets flottants non identifiés, du bateau de granit au canoë en papier, en passant par la caravane amphibie et le Dragon Boat.M.C.
Roi saxophone
Sidney Bechet, Charlie Parker, John Coltrane... Le saxophone est l’instrument jazz par excellence. Et le fil conducteur (rouge) de cette édition ! À ne manquer sous aucun prétexte : les concerts de François Corneloup (voir interview) mais aussi ceux du Ligérien Xavier Thibaud (collectif 1name4acrew), représentatif d’une nouvelle génération de jazzmen se jouant des frontières stylistiques, avec le rock (Subutex, dimanche sur la scène Talents Jazz), le funk (Marabout Orkestra, samedi à La Chapelle-sur-Erdre) mais aussi le DJing (DJ set, vendredi au Château des Ducs).M.C.
L'interview
Difficile d’échapper au saxophone de François Corneloup cette année. Et tant mieux ! Les cinq formations dans lesquelles on le retrouve combleront tous les goûts, du jazz dansant du Peuple Etincelle au plus expérimental tout nouveau projet Révolut!on ! en passant par des solo, et duo, dans des cadres intimistes.
Vous êtes un habitué des Rendez-vous de l’Erdre. Qu’appréciez-vous ici ?
C’est un beau rendez-vous avec le public mais aussi avec Nantes et les bords de l’Erdre. Quand je joue dans un festival, j’aime que le lieu ait une importance, qu’il soit un sujet comme ici. Même si c’est une manifestation importante, il y a toujours quelque chose d’humain dans l’accueil qui me fait me sentir proche du public.
La dimension gratuite est-elle importante pour vous ?
Cela permet l’accès direct à la musique et remet les musiciens dans l’espace social, ce qui me paraît essentiel. Vous n’entrez pas dans un temps musical où seuls ceux qui ont les moyens ou sont initiés peuvent avoir accès aux concerts.
Le format festival semble essentiel dans votre parcours. Vous êtes très lié à celui d’Uzeste, en Gironde...
Ma vocation de musicien est née là-bas ! Au début des années 80, j’y étais spectateur. J’avais mon instrument avec moi, je me suis joint à une des fanfares qui animaient les rues. C’est comme ça que je suis rentré dans le cercle uzestois et que j’ai rencontré mon mentor, le jazzman Bernard Lubat.
Aux Rendez-vous de l’Erdre, on vous entend dans des formations aux couleurs variées mais le dénominateur commun, c’est bien le jazz ?
Définir le jazz, c’est compliqué. Il réunit tellement de tendances et sensibilités différentes. Dire «le jazz», c’est comme dire «l’Afrique» ! Il y a peu de points communs entre un Berbère de l’Atlas et un habitant du Botswana. Pareil entre le free jazz et le jazz mainstream… Me concernant, je ne pourrai dire la musique que j’ai jouée qu’au moment de mon dernier souffle !
Matthieu Chauveau